SEB GUILLAUME : NEWSLETTER GP DE FRANCE
Bonjour à tous,
A peine de retour d’un grand Prix du Pays de Galles qui m’avait fait puiser dans mes réserves nous enchainions sur la suite du championnat, en France cette fois-ci. Après avoir organisé des courses de ligues, des championnats de France et même la coupe de France, le motoclub d’Uzerche s’était attaqué avec réussite à un gros morceau, la sixième manche du WEC. Pour y avoir roulé je savais à quoi m’attendre en matière de liaisons, en revanche, le MC Uzerchois avait mis les bouchées doubles pour le tracé des spéciales. Dans une configuration désormais classique, Enduro Test, Cross Test et Extreme Test nous avions vraiment de quoi nous régaler. Mention très bien à la spéciale Extrême mi-naturelle, mi-artificielle dans laquelle il fallait s’imposer un rythme énorme pour faire la différence.
Moralement j’abordais la course avec beaucoup de sérénité et mes deux derniers ont eu pour effet de me déverrouiller totalement. Je m’attendais à un bon week-end et j’ai été servi !
Samedi
« J’ai de l’eau jusqu’aux épaules, il y a du courant mais quoi qu’il arrive je dois pointer dans les temps… »
L’objectif de la journée est désormais simple, il s’agit de gagner et la conviction est là. Dès les premiers chronos de la journée le schéma de course est évident, Christophe NAMBOTIN et moi allons constituer le duo de tête devant un Stefan MERRIMAN qui monte en puissance au fil des Grands Prix. Je prends finalement les commandes de l’épreuve au début du troisième tour avec une avance infime sur mes poursuivants. Nous sommes dans la liaison qui mène à la spéciale extrême et une grosse mésaventure m’arrive. Dans une descente où je suis allé un peu fort j’accroche un gros rocher avec la roue avant. Quelques tonneaux et dix mètres plus bas j’atterri dans une rivière. Ma moto flotte quelques instants et dérive avec le courant. Doucement elle commence à sombrer puis elle disparait sous les eaux. A ce moment je ne suis plus trop certain d’être dans la réalité ! Je suis sonné par la chute mais suffisamment lucide pour me précipiter dans la rivière. Ma moto est peut être submergée mais ma journée de Grand Prix ne tombera pas à l’eau ! Un Marshall présent sur les lieux se jette aussi dans la rivière pour m’aider. J’ai de l’eau jusqu’aux épaules, il y a du courant mais quoi qu’il arrive je dois pointer dans les temps. Au bout de quelques minutes la moto est sur la rive, il faut faire vite pour pouvoir repartir, le moteur, la boite à air et l’échappement sont remplis d’eau. Il faut tout vider pour tenter de remettre le moteur en marche, les secondes me paraissent des heures et au fond de moi je veux y croire parce que c’est bien décidé : la malchance c’était avant, et quoi qu’il arrive je ferai tout mon possible pour rester dans la course. Au bout de quelques instants le moteur tourne ! Je me mets en mode « full gaz » dans la liaison pour ne pas prendre de pénalités et après un passage dans la spéciale extrême où je concède deux secondes à Christophe j’arrive au CH à l’heure ! Le dernier tour arrive, nous devons enchaîner les trois spéciales à la suite. Je chute dans l’extrême et j’y laisse neuf secondes… Je réalise un meilleur temps dans l’ultime spéciale mais ce n’est pas suffisant, Christophe gagne la journée pour quatre secondes. Aujourd’hui j’ai forcé la chance et j’ai réalisé une super journée. Je termine sur la seconde marche du podium, c’est un tout petit peu frustrant mais pas franchement décevant, peu de temps avant cette deuxième place je nageais la brasse coulée avec ma moto en chantant le blues. J’en profite pour dédier mon week-end au Marshall dont je ne connais pas le nom mais à qui je dois beaucoup !
Dimanche
« Cette fois-ci je ne sais pas trop si je dois gérer ou continuer à prendre des risques pour maintenir l’écart… »
Que les choses soient claires : aujourd’hui c’est ma journée ! La veille la victoire m’échappe sur une chute et je n’ai pas l’intention de laisser filer mes chances aujourd’hui. C’est donc le couteau entre les dents que je prends le départ. J’ai mis toutes les chances de mon côté en m’échauffant bien au training. Ma stratégie est payante puisque je réalise d’entrée de jeu un temps canon, laissant mes adversaires à bonne distance. Comme à son habitude, Marko TARKKALA qui n’a pas fait une bonne opération la veille donne tout ce qu’il peut et ne tarde pas à se révéler être l’adversaire du jour. Plus loin on retrouve Stefan MERRIMAN qui lui non plus n’a pas dit son dernier mot. Rapidement j’ai une avance confortable et mon rôle se complique. Lorsque je suis à la lutte avec les autres je ne me pose pas de questions, il faut rouler à 100% ! Cette fois-ci je ne sais pas trop si je dois gérer ou continuer à prendre des risques pour maintenir l’écart. Le plus logique est de continuer sur la même dynamique sans chercher à gérer la course. Sans rouler « au dessus de mes capacités » je vais au bout de ma journée et, spéciale après spéciale, je conserve mon avance devant Marko et Christophe. Dans le dernier chrono de l’Extrême Christophe qui s’élance devant moi est victime d’un souci mécanique et en passant devant lui les idées noires fusent dans ma tête ! Je pense à la fatalité d’une casse et c’est très perturbé que je termine ma spéciale, un ton en dessous par rapport à mes passages précédents. Finalement sans rien lâcher jusqu’au dernier chrono, la journée se conclue sur la première marche du podium. Cette troisième victoire en Grand Prix cette année me fait très plaisir, j’ai atteint mon objectif du jour.
Tout va pour le mieux ! Je suis très heureux d’offrir une victoire tricolore au public Français venuen masse nous encourager. J’ai été très touché de voir à quel point les spectateurs nous motivaient dans les spéciales, je me souviendrais longtemps de cette course. Les bénévoles du motoclub Uzerchois ont fait un excellent travail et le tracé et les spéciales ont fait l’unanimité ! Ce week-end je saute sur la troisième marche du podium provisoire derrière Samuli ARO qui conserve la tête du championnat et Marko TARKKALA qui habite sur ce podium depuis déjà plusieurs années. Il reste encore deux Grand Prix avant la fin du championnat après les ISDE en Grèce où je défendrai les chances de la France fin août.
Un grand merci à Stéphane qui m’a permis de rester serein ce week-end et qui une fois de plus m’avait préparé une moto idéale. Merci aussi à mes amis et parents qui viennent m’encourager avant, pendant et après la course et merci aussi à Yannig qui me donne quelques petits tuyaux sur l’évolution des spéciales.
A très bientôt,
Seb