Sep
11

SEB GUILLAUME AUX ISDE

GuillaumeBannerUP08

« Bonjour à tous,

Me voici enfin de retour de Grèce où se disputaient les ISDE 2008. Je ne vais pas faire durer le suspens plus longtemps puisque tout le monde est au courant, nous avons gagné ! C’est la troisième fois que la France remporte les ISDE et c’est la première fois qu’elle obtient la victoire à l’étranger. Puisque nous sommes dans les statistiques, il s’agissait de ma huitième sélection dans l’équipe de France et de ma deuxième victoire, puisque je faisais partie de l’équipe qui avait gagné à Brive en 2001. J’officiais cette année en tant que « capitaine » et ainé de l’équipe de France alors qu’à Brive j’étais le plus jeune de l’équipe, parachuté in extremis dans la sélection suite au forfait de Stéphane Peterhansel. Cerise sur le gâteau, je suis le seul français à avoir gagné deux fois les ISDE en trophée, j’en suis vraiment très heureux. Mon impasse sur les ISDE 2007 au Chili avait fait coulé beaucoup d’encre inutilement, j’espère que notre victoire cette année saura consoler ceux qui avaient eu du temps à perdre l’année dernière…

Commençons par le plus important, l’équipe. Il y avait bien entendu un staff France super soudé, solidaire et motivé, mais j’avais aussi cinq coéquipiers d’enfer. Christophe Nambotin mon rival sur le mondial et sur le championnat de France, Julien Gauthier un jeune talentueux en pleine ascension, Nicolas Deparrois mon coéquipier les deux dernières saisons, le charismatique Jordan Curvalle et Rodrig Thain le rookie de la bande en enduro dont le palmarès en MX en fait taire plus d’un.

Aux ISDE on roule six jours, donc inutile de préciser qu’il faut s’économiser. C’était d’ailleurs le maître de mot de Fred Weill. Les consignes étaient de rouler à son niveau, de préserver la mécanique et d’avoir le maximum de cohésion dans le team France. Au total il y avait trois boucles. La première bou cle est parcourue les deux premiers jours, la seconde les troisième et quatrième jours et la troisième le cinquième jour. Le sixième jour est réservé au cross final. En revanche chaque matin nous avions la spéciale « du paddock » à faire, une sorte de terrain de supercross construit pour les ISDE. Compte tenu des conditions climatiques extrêmement ensoleillées le terrain était arrosé avant le départ et pour les premiers à passer l’adhérence était précaire. Je faisais justement partie de ceux-là puisque l’ordre des départ était en fonction du classement scratch. De toute façon je n’allais pas me plaindre de trouver un terrain gras au milieu de la Grèce…

Il y avait donc trois spéciales par tour, comme sur le mondial et cette première spéciale faisait office d’extrême. Il y avait une banderolée et une ligne sur chacune des trois boucles, les deux étaient tracées sur un terrain sec, souvent monotrace avec beaucoup de la poussière et des appuis en fech fech. Du côté des liaisons l’ambiance était branchée marteau piqueur avec beaucoup de pierres, d’ailleurs je félicite les filles qui ont tenu six jours dans ces conditions.

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Jour 1

Dès la première journée le ton est donné, notre équipe est en tête du classement une vingtaine de seconde devant l’Italie et presque une minute devant les USA. Tout commence bien mais il ne faut pas s’enflammer, la France a toujours bien commencé les ISDE c’est après que tout part en vrille… Je ne suis d’ailleurs pas étonné du résultat que nous obtenons dès le premier jour, les pilotes étrangers que j’affronte en championnat du Monde semblent avoir de la marge, personne ne roule à 100%.

Jour 2

Nous restons concentrés et malgré une chute de Rodrig qui nous a fait très peur la journée se déroule bien. Les italiens se font pressants et leurs méthodes peu orthodoxes nous contraignent à rester sur la défensive. Malgré tout nous creusons l’écart à une minute six secondes. Deux jours de suite premiers, c’est encourageant mais nous devons garder la tête froide.

Jour 3

Moi qui suis un peu superstitieux j’évite de me réjouir et une fois de plus je tente de calmer l’euphorie de mes coéquipiers. Il reste quatre jours de course et nous le savons tout peut arriver. Dans les spéciales la visibilité est limitée car il y a beaucoup de poussière, la chute peut survenir à tout moment. Le troisième jour se déroule sans embûches mais la fatigue fait son apparition et nous tentons de ménager nos capitaux physiques et mécaniques. Il fait chaud et je dois me montrer vigilant dans ces conditions, je bois beaucoup pour éviter le K.O ! Pour la troisième fois consécutive nous gagnons la journée, les italiens sont à presque deux minutes trente. La mi-course est plutôt motivante et je commence à y croire pour de bon. Au sein de l’équipe les liens se resserrent et plus nous avançons dans le temps plus la cohésion et l’esprit d’équipe nous animent.

Jour 4

Quatrième jour les italiens mettent les bouchées doubles ! Ils savent qu’à partir de maintenant il faut tout donner pour nous arracher la victoire. De notre côté les trois jours d’attaque nous ont un peu entamé, nous accusons le coup. Sans répondre aux attaques des italiens nous profitons de notre avance pour ne pas nous épuiser. L’Italie gagne la journée mais notre avance au classement cumulé reste confortable.

Jour 5

Les galères nous aurons fait patienter jusqu’au cinquième jour et je profite de cette newsletter pour les remercier d’avoir attendu si longtemps malgré la folle envie qu’elles avaient de nous tomber dessus… C’est d’ailleurs moi qui suis désigné en premier dès la première spéciale puisqu’en sortant un peu large dans un virage je termine dans une banderole publicitaire. La banderole est coincée dans ma roue arrière et il me faut plus d’une minute pour m’en défaire. Pour l’anecdote c’est une banderole Husqvarna qui coince ma roue ! Une tuile en appelle une autre, Jordan est victime de chutes à répétition dans cette première spéciale. Une pierre est venue se coincer dans son frein avant. Il s’en sort en me prenant le statut de joker obtenu quelques minutes plus tôt. C’est à se moment des ISDE que nous avons vécu le sentiment le plus fort. Fred nous as briefés d’une façon très simple : « vous donnez tout ce que vous pouvez, on ne va pas faire deuxième cette année… ». Dès la spéciale en ligne nous reprenons plus de cinquante secondes aux italiens qui criaient déjà victoire dans le parc. Chacun d’entre nous donne ce qu’il peut. Christophe met du gros gaz en spéciale, Rodrig et Jordan reprennent des secondes aux italiens dans un style aérien, Nicolas sort la grosse attaque et Julien nous démontre une fois de plus qu’il a sa place au niveau mondial. A la fin de la journée nous terminons deuxièmes, les italiens n’ont pu nous prendre que cinquante six secondes sur les presque trois minutes que nous avions perdu en début de journée. Nous gardons notre première place au classement général. Plus qu’une journée de course et le cross final pour être champions du Monde.

Sixième et dernier jour…

Les pilotes du E3 partent en premier, c’est donc Christophe, Nicolas et moi qui ouvrons le bal. Face à nous Stefan Merriman et Marko Tarkkala, deux clients d’envergure. La spéciale commence par une longue ligne droite sur le bitume style supermotard. Au premier virage j’arrive à leur faire l’intérieur, je suis en tête. Sans que nous le sachions Nicolas chute violement, il est sonné, sa moto ne démarre plus. Lorsque je lui prends un tour sans comprendre ce qui lui arrive je perds en partie mes moyens. Je me mets à cogiter et Marko en profite pour me prendre la première place. Je laisse passer Christophe pour qu’il aille le chercher mais nous finissons derrière le finlandais… Notre joker est déjà désigné en la personne de Nicolas et nous sommes inquiets pour lui. Il est très choqué, il est passé par l’avant en heurtant une botte de paille à l’appelle d’un saut qu’il voulait amortir. La série des E2 part, Rodrig est seul face à trois italiens. Nous craignons qu’il se fasse sortir du terrain pendant sa manche, depuis cinq jours la délégation transalpine nous a fait un véritable show en matière de tricherie. Habitué des Grands Prix MX, Rodrig répond aux assauts de ses adversaires sans problème et conclu deuxième de sa manche. Il reste une manche en E1 avec Julien et Jordan. Julien a le couteau entre les dents et Jordan est dans son jardin, nous avons plus d’une minute d’avance. Nos deux dernières cartouches assurent et, le titre de champions du Monde par équipes 2008 tombe dans l’escarcelle tricolore !

C’est la folie dans le camp français ! Nous vivons un moment grandiose ! Je ne citerai aucun noms, j’ai trop peur d’oublier quelqu’un et je m’en voudrais terriblement car tout le monde s’est donné dans le staff français. Cette victoire est une vraie victoire collective et je remercie tous ceux qui, sur place ou ailleurs, on envoyé de bonnes ondes aux pilotes français. Bravo aussi aux filles qui sont championnes du Monde par équipe et nos juniors qui participaient quasiment tous à leurs premiers ISDE qui terminent sur la troisième marche du podium. L’enduro français va bien, j’espère que la fédération saura amplfier davantage son action pour promouvoir un sport qui sourit aux pilotes de l’hexagone.

Samedi, en fin de journée j’ai appris le décès de madame SEURAT. Je les ai vu, elle et son mari, monsieur Marcel SEURAT, apparaitre au milieu d’une nuée de bons souvenirs. Le visage peint en bleu, blanc, rouge ils venaient nous féliciter comme ils l’avaient fait à Brive. Au nom des équipes de France je leur dédie cette victoire. Marcel et Jeanine nous laisserons un souvenir impérissable. Une page se tourne et, samedi soir en faisant la fête avec mes compagnons de galère, mes pensées leur étaient consacrées…

Show must go on… rendez-vous le 20 septembre à Brioude pour l’avant dernière manche du championnat de France d’enduro.

A très bientôt, et merci à tous pour ce soutien qui nous a donné des ailes. »

Seb

GuillaumeBannerDown08

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